L'actu Ispagnac, une semaine où le cheval a été roi
Du 30 août au 4 septembre Ispagnac a accueilli sur le site du Pré Morjal le grand rendez-vous lozérien du cheval d’endurance. Deux concours d’élevage, du local au national, trois courses dont pour la 41e fois la mythique 160 kms de Florac, seule épreuve en ligne au monde sur cette distance.
Il est loin le temps où le Parc national des Cévennes avait décidé de se doter de chevaux d’endurance pour ses propres gardes mais aussi pour lancer ce sport qui convient tant aux grands espaces du Sud Lozère. C’est ainsi qu’avait été acheté le légendaire Persik qui battit tous les records, donnera à la discipline ses lettres de noblesse et aura une descendance fabuleuse. Cette semaine tous les chevaux ou presque avaient du sang de Persik.
On savait que le cheval était la plus noble conquête de l’homme, noblesse par l’allure, l’élégance, le port de tête, les performances, le caractère. Ce fut une fois de plus démontré. Qu’on en juge.
MERCREDI 31 : un ciel magnifique agrémenté de quelques nuages fort appréciés et 5 concours d’élevage qui ont encore une fois tenu leurs promesses. Il est vrai que les chevaux proposés issus d’élevages du Gard, de l’Aveyron, de l’Hérault, du Var et même de l’Yonne étaient superbes. Et même les néophytes autour du trotting ne pouvaient qu’apprécier l’élégance tant dans les allures que dans le port de tête des 2 et 3 ans qui étaient présentés ce mercredi 31 août au pré Morjal. Evidemment les juges avaient parfois un jugement tout autre que celui du quidam ispagnacois ordinaire. Il fallait donc un classement. Le voici : Poulinières suitées Rihad d’Alauze et son poulain Goya d’Alauze de l’élevage de Marie et Jean Claude Maurin ; mâles de 2 ans Elite de la Fichade de Marion de Lamolinière ; femelles 2 ans Emie Fageole de Sylvie Fraisse ; mâles 3 ans Dragon d’Aurières de Me Bourrier Lagroye Valérie ; femelles 3 ans Bedouine d’Alauze de Marie et Jean-Claude Maurin. Un grand gagnant l’élevage d’Alauze Félicitations à deux passionnés qui continuent à vivre pour et avec le cheval.
DEUX BELLES COURSES JEUDI 1 SEPTEMBRE 66 concurrents pour une 120 kms classée 2 étoiles et une 140 à 3 étoiles. De belles conditions, assez peu de chevaux déclassés et des temps très intéressants. D’où une satisfaction générale tant des éleveurs, des cavaliers et des juges. Pour la première épreuve la 120, l’ispagnacoise, c’est tout le monde, juges et professionnels qui en connaissent l’intérêt, avec la découverte des cracks de demain qui sont aujourd’hui en train de monter en puissance, et qui courront sous peu une 140 ou 160. La course a tenu ses promesses si on en juge par la moyenne 19,2 km/h. A l’arrivée deux chevaux au sprint. Hélas le premier Saadja monté par Achille Donnais sera déclassé. Le jugement des vétérinaires est impitoyable et à l’arrivée ou à chaque étape, pulsations trop élevées ou boiterie entraînent une disqualification immédiate. La course n’ayant pas pour but absolu une victoire par tous les moyens sans tenir compte de l’animal. C’est donc Eole Rider monté par Jean-Marie Conchou qui a remporté l’épreuve. La famille Donnais n’a pas tout perdu puisque le frère, César, s’octroie la 2e place. Le critérium des 8 ans sur 140 kms classé 3 étoiles a vu la victoire de Sasha d’Aillais monté par Jordi Arboix Santacreu. Deux belles épreuves qui augurent bien de l’avenir des montures présentées et de leurs cavaliers, avec les 160 en ligne de mire.
VENDREDI Un concours d’élevage le matin avec les grandes pointures du moment. Cette fois le niveau était encore plus relevé. A noter le spectacle superbe que donnent les poulains derrière leur mère sur le trotting. (photo) Après-midi présentation des concurrents aux 160. A peine 50 cette année le calendrier faisant que de nombreuses courses étaient disputées dans le mois : il y a 15 jours la Test ride d’Europe à Bruxelles, samedi 3 le championnat d’Europe des jeunes à Rio Frio au Portugal, dans 15j le championnat du monde sénior en Slovénie. Une année avec moins de concurrents mais un spectacle toujours fabuleux. Il suffisait de voir le nombre de spectateurs au départ à Ispagnac à 4h30 du matin ce 3 septembre, aux 5 étapes, Barre des Cévennes, La Bécède, Camprieu, La Citerne, l’aérodrome de Chanet et à l’arrivée. Des moments merveilleux, le lever du soleil au dessus de Barre, le col de Salidès, le passage de l’Aigoual, la halte à Camprieu, Meyrueis, les longues pistes du Méjean…Et au bout de 160 kms un sprint pour la victoire : 1er Robert Diez sur Batcho de Bozouls, 2e à une encolure Elisa Simon sur Sharon de Suleiman. Temps de course réel hors étape, donc sur la selle : 9h 11’ 34. Une petite déception pour Elisa, coiffée sur le poteau, mais qui relativise : « Je suis ravie. C’est une épreuve très dure. Je ne sais pas si… » Mais si Elisa ! On te reverra l’an prochain et avec la coupe pour notre grand plaisir ! Quant à robert l’espagnol. Viva Espana puisque les jeunes en même temps ont fait carton plein au Portugal avec médaille d’or, il est comblé : « Une course très difficile, très physique, qui demande technique et patience. Je suis très, très content ! »
JEAN-PAUL BOUDON l’organisateur et président de Lozère Endurance Equestre, souligne le bilan positif de cette cuvée, reconnaît que l’étape à Chanet apporte un plus, estime bien sûr que s’il y avait moins de concurrents, calendrier international 2016 oblige, les 160 restent l’épreuve de référence et ce pour longtemps. Un coup de chapeau à l’artiste qui donne beaucoup de sa personne pour essayer de trouver des soutiens financiers, qui dirige une équipe de bénévoles très efficace et fait que cette semaine est devenue ce qu’elle est. On oublie souvent de dire que ce monsieur compétiteur dans les années 80, éleveur, a fait des 160 et de cette semaine du cheval le must de la discipline endurance équestre.
MICHEL VIEILLEDENT le maire d’Ispagnac « Pour moi ce moment m’apporte quelques soucis mais tellement de plaisir : d’abord la mise en valeur de notre commune et de notre région, le fait qu’après la découverte des lieux les gens reviennent, les retombées financières non négligeables, la beauté d’un spectacle que, quoique néophyte, j’apprécie de plus en plus et même à 4h30 du matin, et enfin la joie d’avoir lié des amitiés avec JP Boudon et une partie de son équipe au fil des ans.
EDWIN GOULD le représentant d’Oman, sultanat sponsor de la course, revient avec plaisir chaque année chez nous, accompagné du commandant de la cavalerie royale omanaise, y trouve toujours un accueil chaleureux. Un pays du sud de l’Arabie, des 2/3 de la France avec d’immenses étendues de sable mais des montagnes de plus de 3000m et certains côtés qui font penser à la Lozère. Ce partenaire dans le contexte actuel démontre l’importance des liens qui peuvent se tisser entre états qui paraissent très différents mais dont les hommes apprécient la chaleur humaine et le bien vivre ensemble.