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Merci à tous ceux qui ont alimenté cette rubrique par leurs témoignages et photos : Gisèle  et Léon (Nono) Belard, Mme Simone Albouy, Thérèse et Riquet Belard, Mme Yvette Assier, Mme Madeleine Coulomb (Mado), , Mr Molines JL, Messieurs Julien et Gérard Altier,   Monsieur Philippe Brun,  (en espérant n'avoir oublié personne).

La Placette un concentré de vie

placette

Ah, la Placette, c'est quelque chose, tout un monde, une atmosphère ! "Autour de la Placette, il y avait une vie incroyable ! Les femmes palabraient, les artisans travaillaient dehors : le sabotier, le maréchal-ferrant, un artiste celui-là. Je me souviens bien de la manière dont il virevoltait autour du cheval à ferrer, un véritable spectacle ! L'épicier et le tailleur complétaient le tableau. Elle vit passer tant de figures, de personnages. Dont l'un qui régnait sur le mystérieux alambic..

Texte J.François Brager

L'alambic Lieu unique

Chaque automne, l'alambic occupait son coin sur la Placette, à l'abri dans une sorte de cahute rudimentaire. L'homme qui veillait sur la flamme sacrée était un "imaginaire": "A l'époque, la créativité était considérée de manière rigolarde, un peu condescendante. Je me souviens bien de ce gars, il a d'ailleurs été le premier à posséder un camion qu'il avait baptisé Arc-en-Ciel ! Il y avait une sacrée ambiance dans cette cahute envahie par la vapeur et la chaleur. Les hommes -l'alambic était leur pré carré !- discutaient de tout, du village, des récoltes, de la politique...  J.François Brager.

Une toujours bien belle rencontre  pendant que le liquide se distillait doucement...

Il y avait 2 alambics à Ispagnac, un sur la place de la mairie à côté de la fontaine (avant qu'elle soit déplacée) qui appartenait à Mr DELON, puis se fut son neveu Mr ROUSSE et un sur la placette, qui appartenait à Mr BOUTONNET. Celui-ci fonctionnait à la vapeur, avait 3 vases, tout en cuivre. Ils arrivaient mi-octobre et restaient 2 mois environ.Ils montaient un hangar en bois pour s'abriter.  Ils utilisaient beaucoup de bois et aussi des briques de bois. La place était toujours sale, ça coulait partout et son usage s'est arrêté vers les années 60. Chacun apportait ses récoltes fruitières, en pleine maturité et macérant au fond d'un tonneau, pour les confier au bouilleur de cru qui se chargeait de cette étrange alchimie consistant à transformer les fruits gorgés de soleil et de sucre en une incolore et incroyable eau de vie. L'alcool, après chauffage et refroidissement des fruits, coulait du serpentin et s'échouait dans une bonbonne en verre.

On avait droit à 1000° et en général ça représentait environ 20 litres à 50°/personne.Tout était consigné sur un cahier, le nom de la personne et le volume apporté, l'heure où commençait la chauffe, etc... On était contrôlés par les impôts indirects et on usait de ruses pour cacher les litres fabriqués en plus ! Souvent il y avait des arrosoirs près de la fontaine... Remplis d'eau "de vie" pour tromper le contrôleur... Il y avait aussi la ruse "des rûches"... Les bouteilles d'eau de vie étaient entreposées près des rûches et si le contrôleur arrivait, il suffisait de jeter des caillous contre et les abeilles énervées, sortaient et tournoyaient autour des rûches si bien que le contrôleur ne risquait pas de s'en approcher...

Une fois la période de distillation terminée, le contrôleur des impôts venait plomber l'alambic jusqu'à l'année prochaine.

Ce petit artisanat, de tradition rurale et familiale, a vu le jour sous Napoléon et a toujours fait le charme de nos villages. Qui n'a jamais bu une petite " goutte du pays"!

Le boeuf Pascal

Le Jeudi Saint, le boucher promenait fièrement  dans les rues du village le boeuf qu'il avait choisi lors de la patche (transaction),à la foire Pascale,  décoré de cocardes et de rubans sur les cornes. Gustave (figure ispagnacoise de l'époque) qui était le publieur (ou le crieur) le suivait avec son tambour. Il présentait ainsi la belle bête qu'il avait choisie et qui serait vendue dans son étal.

Ensuite, et ce jusqu'aux environs des années 60, il partait à l'abattoir qui était à l'époque aux Vidourles. Il y eut même une époque plus ancienne où il était tué sur la place.

"Les enfants n'espéraient qu'une chose, que les bêtes échappent aux abatteurs".

Les nouvelles normes sanitaires des années 60 ont obligé le boucher d'Ispagnac à fermer son abattoir à son grand désespoir. Puis lorsqu'il pratiqua dans les nouveaux abattoirs de Florac, il admit bien vite le confort de travail  et les conditions d'hygiène bien meilleures

Les lessives de printemps

Il y avait un proverbe "LOUS CASTAGNOS BOURROUS" qui disait plus ou moins, "quand les bourgeons des châtaigners éclaitaient, ou quand les châtaigners avaient leurs feuilles,l'eau était moins froide, c'était le moment de la lessive..."

A ce moment là, des tours de rôles s'organisaient pour pouvoir étendre ses paires de draps ou autres sur les bords de la rivière car il fallait de la place. Les bords de rivière étaient entretenus à cette époque, ils étaient très propres !

On utilisait à l'époque une pierre plate, LE PICADOU, un caisson de bois et un platoir, LOU BATTAREL.

Les baignades dans le Tarn

 baignade dans le tarnLes filles se baignaient au Tioure, dans la boucle du Tarn, les garçons au pont d'Ispagnac.

C'était l'époque des maillots de bain en laine, qui tombaient lorsqu'ils étaient plein d'eau...

Le Tarn avait une grande importance dans la vie des Ispagnacois. On y amenait les chevaux pour boire, le Tarn nous guérissait de tout, il était miraculeux, les bobos aux genous...

Les vendanges de septembre

les vendanges On commençait la journée par un bon déjeuner avec la mortadelle, charcuteries, fromages.

La semaine avant nécessitait de grandes préparations : les COMPORTES (se portaient à 2), ou le CABUSSA (sac rempli de paille pour porter sur la tête), vérification de la TINE (cuve en bois), des tonneaux

anciens_vendanges_13 Le midi, c'était le ragout de mouton avec les pommes de terre à la fleque, cuites dans le ragout avec beaucoup de thym et laurier

Le soir, chou farçi, civets de lapins.

L'école 2eme maison

ecole

Ils nous ont appris à lire, à écrire, à compter, à nous laver les mains -eh bien oui, c'était important ! On avait des cours de morale chaque matin, il régnait une discipline très IIIe République.

La rentrée des classes avait lieu le 1er Octobre et la fin des classes, mi-Juillet. On avait moins de vacances que maintenant. Les vacances de la Toussaint n'existaient pas.

"Lorsque j'allais à l'école des soeurs, nous raconte Marie Thérèse Pantel, j'y descendait à pied depuis Nozières, et j'étais pensionnaire pour la semaine. On amenait notre part de pommes de terre et tous les jours on en donnait une à la soeur pour qu'elle fasse la soupe.

On jouait au jeu de la "cadaoulette" qui consistait à frapper aux portes en tirant sur une corde terminée par un fil de laine -ni vu, ni connu et ô combien excitant.